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L’émigration des médecins algériens : phénomène normal ou véritable exode ?

Ahcene Zehnati. 2021.

Revue internationale de politique de développement.

Résumé

L’objet de cet article est de tenter d’appréhender le phénomène de la migration médicale que connaît l’Algérie depuis au moins trois décennies. À partir de différentes sources de données, nous avons calculé des taux d’émigration à l’échelle globale et dans certaines spécialités. Nous nous sommes intéressés également aux niveaux de rémunération des médecins dans le secteur public pour évaluer s’ils sont bien ou mal rémunérés en comparaison avec les cadres du secteur économique et les médecins du secteur privé et ceux exerçant dans certains pays étrangers. D’après nos estimations, l’émigration de médecins algériens ne saurait être considérée comme un véritable exode si l’on s’intéresse à ceux qui ont obtenu leur diplôme en Algérie et exercent en France. Le ratio d’émigration de cette population s’élevait à 8,63 % en 2016. En revanche, si l’on considère le lieu de naissance, celui-ci s’élève à 23,35 %, un taux avoisinant ceux enregistrés par certains pays d’Afrique subsaharienne qui connaissent un exode inquiétant. Des pénuries de médecins menacent certaines spécialités particulièrement touchées par l’émigration à l’instar de la radiologie (24,69 %), de la néphrologie (24,85 %) mais surtout de la psychiatrie (40,27 %). Quels que soient leurs grades, les médecins du secteur public sont relativement mieux rémunérés que les cadres du secteur économique, mais beaucoup moins que les médecins exerçant dans le secteur privé et ceux exerçant dans certains pays étrangers. Le motif financier à lui seul ne peut expliquer la décision de migrer prise par de nombreux médecins algériens. Il y a donc lieu de chercher d’autres mobiles d’émigration.

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